Sorti en fin 2023, Astlibra Revision était une belle surprise. Le fait qu’il a été développé par une seule personne, Keizo (malgré une aide extérieure pour les musiques) explique sans doute les graphismes assez sommaires et le level design en dent de scie. Mais l’histoire était prenante et la boucle de gameplay reposant sur des combats et du crafting d’équipement était addictive. Et visiblement Keizo a décidé de capitaliser sur ses 15 ans de travail en offrant du contenu supplémentaire, sous forme de rogue-like.

Note : Ce jeu a été testé à partir d’un code envoyé par l’éditeur.

 

Même s’il est vendu sur Switch comme un jeu à part, Astlibra Gaiden : The Cave of Phantom Mist est vendu sous steam comme un DLC du jeu original. Et c’en est clairement un : il en reprend tous les aspects et s’adresse clairement à ceux et celles qui l’ont fini et en veulent plus.

Nous jouons cette fois la fille du boulanger de la ville qui nous servait de base centrale, donc la fille d’un PNJ. Les héros du jeu de base ont disparu et les monstres deviennent agressifs. Ni une ni deux, notre héroïne de fortune part à leur recherche dans le lieu de leur disparition : “the cave of the phantom mist” (le jeu est en anglais intégral). Elle sera accompagnée par un chien parlant nommé Polin, issu du précédent jeu.

La cave dont j’ai parlé sera le seul lieu que nous visiterons pendant toute l’aventure. Elle est séparée en plusieurs strates, reprenant chacune un arc narratif du jeu principal : marais, volcan, plaine, grotte marine, château hanté,... Tous ses lieux font leur grand retour, avec leurs environnements et leurs bestiaires associés, et vous passerez plus de temps à vous battre qu’à discuter. Si l’histoire reste efficace avec son lot de mystères à révéler, elle est cette fois très simple et ne sera pas votre motivation principale. Polin sera votre principale source d’interaction, l’héroïne étant muette, et ses dialogues sont plus fonctionnels qu’autre chose.

Les musiques qui accompagnent le jeu sont toujours aussi efficaces qu’avant et rythment très bien l’aventure et l’avancée dans le jeu.

De toute façon le point fort du jeu original a toujours été son mix entre combats et craft simplifié. Manette en main c’était un vrai plaisir à jouer. Keizo en a visiblement parfaitement conscience, vu que ce DLC mise tout dessus. Et ça marche toujours aussi bien, même après les 40H du précédent jeu.

Le système de combat et de craft est le même qu’avantt. Je vous renvoie donc au test consacré pour une description détaillée (https://my.gameblog.fr/membre/48685/blog/test-astlibra-revision-apres-15-ans-sans-abandonner-la-balance-du-destin-a-souri-a-son-auteur-528362). Pour les autres, je rappelle qu’Astlibra a un système de combat très simple : un bouton pour sauter, un bouton pour attaquer, et un bouton pour garder les coups ennemis. Ajoutez quelques mouvements comme une charge, une garde parfaite, la possibilité d’étourdir les ennemis pour un max de dégâts, et vous obtenez des combats très satisfaisants, qui obligent à rester concentré, mais sans se montrer excessivement punitifs. Et vu que chaque strate de ce jeu est un environnement du jeu précédent, le bestiaire a suivi. Il est toujours varié, aussi bien dans les designs que dans les patterns et il faut régulièrement s’adapter à une nouvelle menace, ce qui permet de renouveler l’intérêt du gameplay. De même comme avant vous récupérerez des matériaux qui vous permettront de créer de nouveaux équipements dans des magasins dédiés. Chaque équipement offrant un bonus permanent une fois qu’il a été suffisamment utilisé, vous chercherez sans doute à tous les obtenir.

Ce qui change cette fois, c’est la conception des niveaux. Rogue like oblige, ils sont générés procéduralement. Notre cave est composée de différents environnements, séparés en 10 niveaux chacun, eux-mêmes séparés en plusieurs salles. A chaque niveau le but est de trouver le levier qui ouvrira la porte pour le niveau suivant. Le level design des salles est aussi simpliste que dans le jeu précédent, avec surtout des plateformes de hauteur différente et quelques pièges environnementaux. Le résultat fonctionne bien malgré tout. Je n’ai jamais eu de mauvaise surprise. Parfois certaines pièces offrent un défi plus relevé à cause d’un placement d’ennemi compliqué à gérer, mais ça n’est jamais injuste, et je n’ai jamais parcouru une salle en pestant contre la conception de ladite salle. Je trouve juste que les ennemis peuvent apparaître trop près de notre point d’entrée, mais c’est peu fréquent et assez mineur comme problème pour un jeu qui n’est pas impitoyable avec ses joueurs. Chaque niveau se termine bien entendu par un boss, qui sont au passage les seuls ennemis du jeu qui n’aient pas été repris du précédent. Une fois un étage fini on pourra directement commencer notre exploration au suivant, et même au sein d’un étage, une fois les cinq premiers niveaux passés vous débloquerez un raccourci permettant de retenter l’étage à partir du niveau 6. Et avant chaque boss vous pourrez sauver votre partie, vous permettant de retenter le boss directement si vous perdez juste à cause d’une inattention de votre part.

Même si on est dans un roguelike, la difficulté n’est pas au niveau des autres représentants du genre, et il sera très rare d’être bloqué par la difficulté du titre (même si plus on descend, plus les ennemis sont retors et nécessitent de la concentration), ne serait-ce que par l'extrême complaisance dont le développeur a fait preuve en mettant autant d’outils pour vous éviter de refaire des sections en boucle. Ici la progression doit être fluide, et si comme dans un rogue like vous recommencez vos run au niveau 1, vous avez aussi des moyens de gagner en puissance de manière permanente.

En plus de l’équipement, que vous gardez toujours, même après une mort, chaque ennemi vaincu lache des cristaux de différentes couleurs, qui vous serviront à acheter des stats et des magies dans un arbre de compétence lui aussi repris du jeu précédent, jusqu’à ses ramifications tellement ridiculement complexes qu’il a droit à sa propre mini map. C’est ici que vous achèterez des augmentations de statistiques permanentes, ainsi que quelques objets très utiles, et les magies de notre héroïne. Si vous mourez pendant une exploration, vous reviendrez à la ville en perdant la moitié de vos cristaux durement acquis pendant le run, ce qui n’est pas très punitif. D’autant que le jeu met à votre disposition un objet à usage infini permettant de vous téléporter en ville, tant que la salle où vous êtes a été vidée des ennemis. Et si vous êtes en plein combat, vous pouvez aussi utiliser des consommables pour une fuite rapide (à acheter en ville car à usage unique).

Les magies remplacent les invocations du jeu précédent, mais elles fonctionnent de la même manière : vous remplissez une barre de ST à force de frapper les ennemis, puis vous la dépensez en lançant une magie. La différence tient surtout au fait qu’aucune invocation n’a été recyclée, et que les magies ont toutes des effets différents. Les anciens joueurs apprécieront que la principale source de dégâts à notre disposition ait été renouvelée, et les nouveaux s’amuseront tout autant vu que nos sorts sont très utiles et deviennent assez vite impressionnants.

En explorant les niveaux vous trouverez aussi des gemmes vertes qui vous serviront à activer des compétences passives, que vous aurez acquises précédemment en maîtrisant votre équipement. Vous trouverez aussi des gemmes bleues, qui vous permettront d’acheter là aussi des statistiques de façon permanente, même si cette mécanique issue du précédent jeu (on gagnait cinq gemmes bleues à chaque montée de niveau, à répartir) fait ici doublon avec les cristaux décrits deux paragraphes plus haut.

Astlibra Gaiden est clairement un ajout au jeu de base, qui s’adresse surtout à ceux qui ont fini ce dernier et souhaitent prolonger l’expérience. La structure rogue like et le scénario servent de prétexte pour replonger dans ce monde, et retraverser les environnements connus des joueurs. Le système de combat fonctionne toujours aussi bien, l’histoire se laisse suivre, et la partie rogue-like renouvelle suffisamment le jeu sans pour autant nous mettre en terrain inconnu. Mais la difficulté assez basse, pour peu que vous exploitiez toutes les mécaniques que le jeu vous offre, fait qu’en environ 20 heures de jeu vous aurez atteint la fin de l’histoire. A voir ensuite si vous aurez la motivation pour grinder les meilleurs équipements. 

Si vous avez aimé le premier jeu Astlibra, je vous recommande ce Gaiden. Si vous n’avez pas joué au premier jeu, je vous recommande de jouer à ce dernier en priorité. Même s’il coûte 20 € hors promotions, il reste un meilleur choix. Il offre quand même plus de contenu, plus d’histoire et plus d'aventures. Et si vous accrochez vous pourrez prolonger l’expérience avec Gaiden, qui est un DLC de très bonne qualité. Pour ma part j’ai vraiment aimé replonger dans les mécaniques et l’univers d’Astlibra, et je vous recommande chaudement les deux jeux.

 

Vous aimerez ce jeu si :

  • Vous avez aimé le premier Astlibra
  • Vous voulez jouer à un rogue like tranquille et complaisant
  • Le système de combat d’un jeu est un critère d'achat important à vos yeux

 

Vous n’aimerez pas ce jeu si :

  • Vous n’avez pas aimé le premier Astlibra
  • Vous aimez votre rogue like avec de la difficulté et un gros défi à relever
  • Vous préférez votre level design sans les limitations inhérentes au principe de la génération procédurale

Test réalisé par Luciole